Depuis Gaza et « plomb durci », la Turquie est énervée. Tellement énervée qu’elle met des claques à Israel qui n’a pas du tout l’habitude qu’on le remette à sa place. Rapide historique de ce qui est en train de se passer au moyen-orient.
Avant de lire cet article, gardez-bien à l’esprit que la Turquie est traditionnellement le seul et principal allié militaire d’Israel dans la région.
1. L’épisode Davos
D’abord il y a eu Davos : alors que le président israélien venait de justifier le massacre de Gaza, le premier ministre turc qui essayait de lui répondre s’est fait interrompre par l’animateur du débat. Il se lève, part, et menace de ne plus revenir à Davos. Un vent glacial souffle dans l’assemblée. Le président turc est accueilli en héro en Turquie.
2. L’épisode du ciel turc
Ensuite, la Turquie ferme son ciel à Israel : depuis des années, les avions israéliens venaient s’entraîner dans le centre de la Turquie, notamment à Konya, étant donné que le ciel israélien est trop petit. A l’occasion d’un traditionnel meeting international rassemblant toutes les armées de l’air du monde, la Turquie signifie à Israel qu’ils ne sont plus conviés.
Les USA et quelques pays européens réagissent en disant qu’ils ne viendront pas non plus. La Turquie tient bon et ne lâche pas : le meeting se déroule sans Israel qui commence à s’inquièter sérieusement, car, fait exceptionnel, l’armée turque s’aligne bon gré mal gré sur les positions de la diplomatie.
Israel encaisse alors un très grop coup dur diplomatique.
3. La série TV
Puis il y a cette série, Kurtlar Vadisi (la vallée des loups), véritable carton en Turquie, dans laquelle on voit le Mossad en Irak prélever des organes sur des enfants palestiniens (cf scandale de l’été 2009). Cette série ne plaît pas à Israël qui l’accuse évidemment d’antisémitisme.
4. L’humiliation israélienne
Vice ministre des affaires étrangères à gauche, ambassadeur turc à droite, Photo AFP
Puis il y a cet épisode de début janvier 2010. Le vice ministre des affaires étrangères convoque l’ambassadeur turc en Israel, sans lui dire pourquoi.
Plus fort : quand l’ambassadeur turc arrive, le responsable israélien se permet de le faire attendre.
Encore plus fort : il le fait attendre dans le couloir.
Carrément plus fort : quand il daigne le recevoir, il refuse de lui serrer la main, et fait en sorte que des caméras TV filment la scène.
La cerise sur le gâteau : il le fait asseoir sur un siège plus bas que celui de l’officiel israélien.
L’ambassadeur turc est humilié. En 30 ans de carrière il n’a jamais vu ça.
Ankara est furieuse, exige des excuses et menace de rappeler son ambassadeur.
Après hésitation, Israel s’excuse publiquement. Le monde entier s’accorde à dire qu’il s’agit là d’une nouvelle humiliation pour Israel qui a dû faire machine arrière après avoir montré les gros bras.
Les choses changent au moyen-orient, et je pense que la Turquie a un réel rôle à jouer. D’ailleurs, la question qu’on se pose, c’est où sont les pays arabes ? Que pèsent-ils ?
5. En savoir plus
Pour en savoir plus sur cet épisode, lisez cet article sur street press.
Si vous voulez en lire plus sur toute l’histoire et les enjeux, lisez l’excellent article : l’Europe et Israel rescussitent l’empire ottoman. Je vous le recommande vivement.
Pour ceux qui n’ont pas compris la référence, la « claque ottomane » c’est une référence chez les turcs, cela désigne une claque extrêmement forte administrée avec la paume et derrière la nuque : « Osmanlı tokadı ».
La légende veut qu’il y aurait eu autrefois dans l’armée ottomane (donc, quelque part entre le XVII et le XXe siècle) une unité de combat d’hommes entraînés à fendre des blocs de marbre de leurs mains nues. Lors des combats, ces unités se battaient sans armes, tuant leurs ennemis avec la seule force de leur « claque ». L’histoire de l’Osmanli Tokadi
Crédit photo illustration de l’article
Ne passez pas à côté de la récompense !
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